jeudi 6 octobre 2022

Chili - Carretera austral

La Carretera austral

Mardi 4 et mercredi 5 octobre

Nous quittons El Chalten. Notre objectif est de rejoindre mercredi soir, la carretera austral, au Chili.

C'est une route longue de 1240 km, la seule qui descend le long de la Patagonie chilienne. Elle a été inaugurée en 1986, mais ne descend toutefois pas jusqu'à Puerto Natales et Torres del Paine où nous étions précédemment (en effet, aucune route ne descend, au Chili, jusqu'à ces destinations, il faudrait prendre un ferry durant 3 jours depuis Puerto Monte pour les atteindre). 

La carretera austral part de Puerto Monte (Région des Lacs) et descend jusqu'à Villa O'Higgins (tout près d'El Chalten), mais nous n'en parcourerons qu'une partie. Un peu dommage de ne pas être partis directement depuis El Chalten, nous sommes bien d'accord, mais en fait, en voiture, on ne peut pas le rejoindre. Il aurait fallu faire un trek de 3 jours depuis El Chalten en autonomie, avec tente sur le dos, pour ensuite prendre un bateau qui nous aurait amené jusqu'à Villa O'Higgins. Clairement, c'était pas pour nous... (à cause des enfants ;))

Bref, comme nous ne pouvions pas faire la route complète, nous sommes remontés en voiture jusqu'à la ville de Perito Moreno (même nom que le glacier, mais 600 km au nord) où nous avons passé la nuit. Alors figurez-vous qu'en arrivant, on s'est aperçu à 19h30 que les lits des enfants n'étaient pas du tout prêts, pas de draps... Il n'y avait que 3 chaises, 3 assiettes, 3 couverts... Bref, rien de prévu pour nous 4, et impossible de joindre la propriétaire (qu'on n'avait déjà pas vue auparavant). Finalement, ça s'est arrangé, elle nous a tout amené, mais j'étais déjà en train de préparer les draps de soie et couvertures ;)


Le 5 octobre, on pensait arriver à notre logement vers 15 heures, mais tout ne s'est pas passé comme prévu...

Déjà, il faut savoir que depuis que nous sommes à El Calafate, on essaie de retirer de l'argent par Western Union. (Je rappelle que le taux de change est beaucoup plus avantageux, donc on voulait vraiment passer par ce biais...). Donc à El Calafate, on a essayé pendant 3 jours, mais les bureaux étaient toujours à sec. A El Chalten, il n'y en avait pas. On s'est donc dit qu'on irait à Perito Moreno (sachant qu'on commençait vraiment à être à court de liquide. On avait mis de côté l'argent pour le logement du soir et pour le logement d'Esquel, et du coup, il nous restait 10 000 pesos, environ 30 euros... Ca commençait vraiment à être juste pour manger, l'essence (tout cela pour 3 jours car pas sûr qu'à Esquel on ait pu retirer...) Sachant que la veille, les Western Union étaient fermés en arrivant, on a voulu retenter ce matin : on arrive au premier. Ca aurait pu être bon, mais problème, le logiciel du gars était trop vieux et il n'a jamais réussi à enregistrer le passeport d'Eric car il y avait des lettres. C'est pas grave, il nous dit d'aller au 2ème Western Union, et que là, ce serait bon. On y va. Pas de bol, le gars n'avait pas d'argent. Entre temps, on décide de retourner au premier endroit car il pouvait prendre ma carte d'identité qui ne comporte que des chiffres (et pas des lettres). Encore une fois, ça a failli être bon : le gars avait tout saisi, mais on ne sait pas pourquoi, ça n'est pas passé (peut-être parce que ma carte d'identité française est périmée, même si ça passe en France, certainement que ça devait bloquer à l'étranger).

On a donc perdu 1h30 ce matin.

Tant pis, on se dit qu'on peut encore essayer à la dernière petite ville qu'on traverse avant la frontière chilienne : Los Antiguos. Il y a en effet 3 Western Union recensés. On va à un premier : la dame n'a pas assez, mais elle nous dit qu'en revenant plus tard, ce sera certainement possible... OK, on note. On va quand même au second : même problème que celui du matin : ça aurait pu être bon mais le logiciel est trop vieux et ça ne passe pas.... Et le troisième était fermé.

On décide donc de manger sur place et de retourner vers 12h15 au premier. Et là, ô miracle, on a réussi !!!! On est donc rôdé pour notre retour en Argentine, nickel !

Le problème est que finalement, on a roulé seulement 50 km depuis le matin, qu'on en a encore 220 à faire, qu'au Chili, ça ne sera que de la piste, qu'en plus, on va devoir faire des courses en arrivant au Chili parce qu'à la frontière, on ne peut passer passer de produits frais et la dame du nouveau logement m'a prévenue : le village est perdu et il n'y a que le strict minimum dans la supérette (pas de produit frais). 

A midi, je préviens donc la propriétaire qu'on aura sûrement du retard et qu'on devrait arriver vers 16h... C'était être beaucoup trop optimiste !

Le passage de frontières a été assez long (même si ça s'est bien passé et qu'il n'y avait pas de queue). Ils étaient pointilleux côté chilien (fouille complète de la voiture, même le capot, sacs passés dans un détecteur... Bref, on est arrivés au Chili vers 13h30. Le temps de faire les courses et aller voir un petit point du vue dans la ville, on est repartis qu'à 14h30. Et le GPS nous annonce une arrivée pour 18h40. Et vu la route, en effet, on n'est vraiment arrivés qu'à 18h30. Impossible de prévenir la propriétaire car durant ces 220 km, on n'a jamais capté le moindre réseau internet. A l'arrivée, elle nous a même avoué qu'elle pensait qu'on ne viendrait plus. Il faut dire que le village est super isolé et sans notre super Jeep, je ne sais pas comment on serait montés. Par contre, route magnifique !!!

En tous cas, à l'arrivée, on est super contents : installés sur le canapé devant un petit poêle, on se sent très bien !! (Et les gars sont contents, il y a un terrain de basket tout près). Espérons juste qu'il ne pleuve pas pour ces 2 prochains jours car là, après 2 mois sans pluie, nous sommes arrivés avec les gouttes).


Jeudi 6 octobre

Ce matin, après la pluie d'hier soir, il fait beau ! Du coup, nous allons faire une balade en bateau proposée par notre logement pour voir les Cavernes de marbre (on aurait dû le faire vendredi, mais vu le soleil plutôt rare dans le coin, elle nous a proposé d'avancer le jour et c'est très bien !) 

Les gars ont commencé leur journée par un petit basket (car oui, il y a un terrain !!) et nous voilà donc partis, à 11h, sur la plage pour prendre le bateau.



On était tout seuls avec Karen (la propriétaire) et Roberto son mari qui conduisait le bateau. C'était très beau et super intéressant. Ils nous ont expliqué que le village de Puerto Sanchez (40 habitations environ) a vu le jour dans les années 1940 et s'est développé autour de l'exploitation minière de plomb (qui était plus que nécessaire pendant la 2nde guerre mondiale). La région est en effet très riche en minéraux (or, platine...) et beaucoup de personnes (enfin, le "beaucoup" est très relatif...)se sont installées dans le coin pour travailler à la mine. D'ailleurs, Roberto travaillait dans une mine d'extraction d'or avant. La plupart ont fermé pour différentes raisons (sécurité, quotas d'extraction dépassés...). Celle de Puerto Sanchez a fermé en 2017.




Ils nous a d'abord emmenés voir une île où on peut voir l'épave de 2 bateaux qui sont les anciens bateaux qui reliaient Puerto Sanchez à la civilisation (un pour transporter les minéraux et qui appartenait à la compagnie minière, et l'autre pour la population). En effet, la seule route qui relie le village à la carretera austral (de 40 km que nous avons empruntée hier) n'a été construite qu'en 2000. Avant, ils devaient se déplacer en bateau sur le lac nommé "Lac mouvementé" à cause des turbulences liées au vent souvent très fort. 

Ensuite, nous sommes allés au bord des Grottes de marbre. En fait, sur 1 km de long environ, on peut voir des grottes de marbre et de quartz creusées par l'eau. Ca fait des formes et couleurs étonnantes, et on peut même parfois rentrer dedans avec le bateau. Bon, quand elle nous a montré le haut et expliqué que beaucoup d'araignées vivaient là, j'étais contente qu'on ne s'approche pas plus loin (heureusement, d'après elle, ce sont des petites et de toutes façons, Roberto aussi a peur des araignées ;)).









Nous avons rejoint le port à toute vitesse après 2 heures de balade (pour le plus grand plaisir des gars qui ont nommé Roberto le "Lewis Hamilton du lac") et à peine débarqués sur la plage, les gars se sont mis à la recherche de cailloux de marbre et quartz pour pouvoir les rapporter en souvenir. Bon, je passe le moment où Karen leur a trouvé 2 grosses pierres de marbre qu'Eric a jetées (devant elle...) parce qu'évidemment, c'était trop lourd et on n'aurait jamais pu les ramener dans nos sacs à dos ;)


L'après-midi, après les devoirs, nous nous sommes mis en quête d'une boulangerie (enfin plutôt "du gars qui fait du pain dans le village"). Une dame nous a en effet montré une maison au loin en disant que là-bas, on pourrait trouver du pain. Après un premier tour, on n'a rien vu... On croise un deuxième gars à qui on demande "el chico qui fait du pain", il nous montre lui aussi une maison dans le même coin mais on ne trouvera toujours pas... Du coup, en rentrant, on demande à Karen. Finalement, c'est sa mère qui nous fera du pain ;)

Cette pause hors du temps aura été vraiment dépaysante, c'était chouette. Demain, on repart sur la Carretera austral, à Coyhaique, situé à 200 km. (Combien d'heures de route ? Etat de la route ? Suspense...)


Vendredi 7 octobre

Nous partons le matin direction Coyhaique (à 4 heures de route), ville considérée comme la capitale chilienne de Patagonie.

Par contre, il faut qu'on repasse par la petite route sinueuse où on ne passe pas à 2 voitures, je reconnais être un peu stressée. Finalement, avec le beau temps, c'est beaucoup moins impressionnant qu'à l'aller.






On roule de nouveau sur des pistes, avant de rejoindre une route bitumée, parfois bien enneigée autour : ça fait du bien !

Arrivés à Coyhaique, on a rigolé car on devait aller retirer de l'argent pour payer le logement. La première banque était fermée, la deuxième avait le distributeur en panne (une pancarte le signalait dessus) et la troisième était fermée également. Nous étions garés devant la deuxième, dans laquelle il y avait une dame, je dis donc à Eric, qui parle espagnol, d'aller lui demander où on peut retirer. Après négociations, il accepte d'aller demander, sonne, et là, un gars vient lui ouvrir, enlève le panneau signalant que le distributeur était en panne, et on a pu retirer ! Normal...

On s'est ensuite installés dans notre logement pour les 2 prochaines nuits et fait des petites courses.


Samedi 8 octobre

Aujourd'hui, c'est le premier jour depuis notre départ où je pense avoir été déçue d'une de nos activités. Nous avions prévu d'aller nous promener dans la Réserve nationale de Coyhaique, vendue comme un haut lieu pour observer la faune et la flore (pumas, condors...).

On s'inscrit sur le site national avant de nous y rendre (on a bien retenu la leçon depuis Torres del Paine ;)), et on arrive vers 14h. On avait prévu de faire une ballade d'une dizaine de kilomètres.

En arrivant, le gardien du parc nous informe qu'on ne pourra faire que le premier sentier car on doit être ressortis à 16h30 et que selon lui, nous n'aurons pas le temps de faire ce qu'on voulait.... On acquiesce, et on fera donc ce petit parcours (qui fera finalement 9 kilomètres, donc c'était suffisant). Par contre, on a trouvé que le site n'était vraiment pas à la hauteur de la description. On s'est baladé dans une forêt classique, pas vu un seul animal, et seulement marché à côté d'un petit lac tout à fait ordinaire. 
Bon, on se console en se disant qu'on aura pris l'air ;)



Du coup, à 16h30, les gars ont été faire leur entraînement de basket !

Demain matin, on part direction Puyuhuapi, lieu habituellement très humide, au nord. On verra ce qui nous attend ;)


Dimanche 9 octobre

Départ pour Puyuhuapi aujourd'hui. Encore une fois, une jolie route, mais on aura de la pluie presque tout le long. On le savait, la région est vraiment plus humide, et on le voit tout de suite par rapport à la végétation qui est de plus en plus luxuriante.

Heureusement, on a de la chance : on fait un arrêt 30 km avant notre arrivée pour partir faire une randonnée dans le parc de Queulat, voir un glacier suspendu.





A notre arrivée, clairement, le garde nous avertit que nous n'aurons pas le temps de faire tout ce qu'on voulait : une petite balade jusqu'à un panorama, et une randonnée plus longue. Il nous dit qu'il faut 3 heures pour faire la grande randonnée et comme le parc ferme à 16h30, nous devons faire un choix. 

Finalement, en regardant bien le parcours, on se dit qu'on a quand même le temps de le faire, et on ne l'écoute pas : on a bien fait. D'une, il ne pleut plus, et de deux, on sera revenu à 15h45... On était vraiment larges !! (Bon, j'avoue, au début, on a speedé et ça grimpait dur, heureusement que ce n'était pas ça tout le long, je n'aurais pas tenu ;)

Après tout cela, nous sommes partis trouver notre logement et fait quelques petites courses. (vraiment sommaires, il n'y a pas grand chose...). Et comme à Puerto Sanchez, on ne trouvera jamais de pain. La "dame qui fait du pain" a mis une pancarte disant qu'il n'y a pas de pain (et elle n'ouvrira jamais). Dans la foulée, on s'est aperçu qu'on avait oublié de vider le frigo de notre précédent logement.... Tant pis !


Lundi 10 octobre

Ce matin, il pleut de temps en temps. Du coup, on reste au logement. Après les devoirs, on est simplement allés se promener dans le village, les gars ont fait un basket car le temps est vraiment mitigé. On a bien fait d'aller au glacier la veille...






Mardi 11 octobre

Aujourd'hui, ça fait 2 mois qu'on est partis... On quitte (encore une fois) le Chili et on rentre pour la dernière fois en Argentine. Ca nous fait bizarre de se dire que la première grosse partie de notre voyage est quasiment terminée.

On quitte Puyuhuapi sous la pluie, et elle ne s'arrêtera que le midi, au moment de notre repas. Le passage de frontières se passe impeccable. Faut dire que maintenant, on est rôdés !!

En Argentine, le beau temps revient. Chouette !

On s'installe dans notre logement pour 2 jours, à Esquel. Le logement est propre, mais vraiment, il y a un détail qui me dérange :  les argentins (et chiliens) adorent mettre du "sent-bon" dans les maisons, les draps.... Et là, en arrivant, on a vu le propriétaire en asperger dans tout le logement : conclusion : ça sent hyper fort la fleur chimique !!! (C'est beaucoup trop fort, c'est horrible !). Avant-hier, au Chili, c'était un parfum de canelle (que je déteste, j'ai dû débrancher tous les parfums d'ambiance...)

Je voulais quand même raconter ce détail car je sais qu'en relisant plus tard, ça nous fera rigoler !!


Mercredi 12 octobre

Nous avons quitté la Carretera austral et remontons maintenant tranquillement jusqu'à Bariloche. 

Après une matinée neigeuse (et oui !), nous partons l'après-midi pour le parc national de Los Alerces, à côté de Trevelin. Pas de chance, à cause de la météo du matin, une alerte a été donnée sur le parc et beaucoup de chemins de randonnée sont fermés.

On a quand même réussi à voir une cascade et se balader près des lacs. Il y a beaucoup d'arrayanes, des arbres typiques de la région (tronc marron et tâches blanches). On retiendra une chose de cette journée, on est vraiment des peureux et des très mauvais hors-la-loi : comme la météo s'était bien dégagée, on a voulu emprunter un petit chemin de randonnée qui était marqué "fermé". Sauf qu'à peine partis, on a vu quelques branches sur le chemin, on s'est dit qu'un garde pouvait voir notre voiture, et conclusion, on a fait demi-tour très rapidement !
















En fin de journée, on a rejoint Trevelin pour manger dans un petit resto, juste en face de l'office de tourisme où un dragon crache du feu tous les soirs à 20h et 22h. On était aux premières loges, et les gars étaient contents.


Jeudi 13 octobre

Voilà, ça sent la fin. Nous voici de retour à Bariloche car nous devons rendre la voiture demain... On emprunte la même route pour rentrer qu'à l'aller : la boucle est bouclée !


Vendredi 14 octobre

Aujourd'hui, après les devoirs, on se promène une dernière fois autour de Bariloche. On ne lasse pas des lacs tout bleus et on a eu la chance de voir de très beaux arrayannes, les arbres typiques de la région, en beaucoup plus gros que les dernières fois.






Après cette balade, on rend notre voiture de location, notre super Jeep Renegade. En la rendant, le loueur nous a dit qu'on l'avait bien utilisée : et oui, quasiment 8000 km en 34 jours... Franchement, on en est super contents !! 





Samedi 15 et dimanche 16 octobre

Grosses journées de route : nous rejoignons Santiago du Chili, la capitale. Et pour cela, on reprend nos bonnes habitudes : le bus ! Et on finit en beauté : on commence par un bus qui part à 13h00 de Bariloche et arrive à 8h00 le lendemain à Mendoza, pour enchaîner avec un second qui part à 8h30 pour arriver à Santiago à 18h00. Clairement, on se dit que le bus aura du retard, et qu'on ne va pas l'avoir, mais bon, la compagnie de bus nous a dit qu'au pire, ils nous attendraient... On verra bien !!










Et bien contre toute attente, les 2 bus étaient à l'heure ! Le passage de douane (à 3000 mètres d'altitude) s'est passé très vite, et du coup, on est arrivés avec 3 heures d'avance à Santiago ! On n'a même pas vu passer les 26 heures !!!

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